Ce graphique
(source : BCE) est stupéfiant. Il montre les taux d’intérêts à 10 ans des
différents pays de la zone euro de Maastricht à aujourd’hui. De 1993 à 2001, en
préparation du lancement de l’euro, les taux d’intérêts se rapprochent les uns
des autres, au bénéfice de tous, mais un bénéfice plus ou moins grand en
fonction de la hauteur pré-euro des taux d’intérêts de chaque pays. Ainsi, la Grèce qui empruntait à 24%
en 1993 n’emprunte plus qu’à 5% en 2002 : magique ! Vive l’euro ! De 2001 à
2008, tout se passe bien car les pays empruntent au même taux, en-deçà même du
niveau du taux d’intérêt allemand pré-euro.
Cependant, la crise
de 2008 va faire voler en éclat cette harmonie, et chaque pays retourne à ces
taux d’intérêts d’avant, la
France et l’Allemagne se payant le luxe d’avoir des taux
d’intérêts inférieurs à ceux pré-euro.
En vérité, ce graphique est révélateur du mensonge colossal de l’euro, mensonge long de plus de 10 ans, qui est de faire croire qu’une obligation grecque a la même valeur qu’une obligation allemande. La crise a révélé la véritable valeur de ces obligations. La grande convergence des dernières années était donc une farce. En fait, ce mensonge va couter cher, et les banques ainsi que le reste des épargnants détenteurs d’obligations vont le payer cher, cela a déjà commencé avec l’annulation de la moitié de la dette grecque.
On peut penser, vue
l’évolution de la situation que cette fausse convergence va même se transformer
en divergence accentuée, à cause des effets spéculatifs sur le marché des
obligations.
Je remarque que
l’euro a en partie été créé pour empêcher la spéculation sur les taux de
change entre les pays européens : cette spéculation s’est aujourd’hui
simplement déplacée sur les taux d’intérêts.
Enfin, si la France et l’Allemagne se
paient le luxe maintenant de ces taux d’intérêts bas, ce n’est pas que les
acheteurs d’obligations ont très confiance en la politique allemande ou
française, c’est simplement que les autres Etas sont dans un état tellement
catastrophique que la France
et l’Allemagne font figure de moins mauvais élèves, et donc de plus sûrs
placements.
Espérons que l’histoire économique retienne pour de bon la leçon : il ne faut jamais mettre une monnaie unique sur des économies différentes, le résultat est mécanique, l’apparente convergence mène à la divergence. Les taux d’intérêts sont censés montrer la vraie valeur de la dette de chacun des pays, qui doivent alors mener une politique monétaire et économique différente. C’est triste à dire, mais jamais la Grèce ou le Portugal n’ont mérité des taux d’intérêts aussi bas et avoir leur propre monnaie leur aurait permis de mener à bien des politiques qui vise à se rapprocher du niveau des taux d’intérêts allemands ou français…
Obligation: fraction de dette de l'Etat, qui s'échange sur un marché.
Taux de change: cours d'une devise par rapport à une autre.

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