Les effets de la crise financière internationale sur l'économie marocaine :
Introduction :
La crise mondiale actuelle a
surpris les gouvernements de la planète par son ampleur et sa brutalité. Malgré
les plans de relance économique mis en place et l’injection massive de capitaux
pour renflouer les systèmes financiers, la perte de confiance des acteurs
économiques persiste et un climat d’incertitude domine la conjoncture mondiale.
L’horizon de sortie de crise reste ainsi incertain.
Le Maroc, après avoir été
épargné dans un premier temps par la crise financière, grâce à la solidité de
son système bancaire et à sa faible exposition aux marchés financiers
internationaux, subit depuis le deuxième semestre2008 les répercussions de la
crise économique mondiale par le biais des secteurs exportateurs, de l’activité
touristique, des transferts des Marocains Résidant à l’Etranger et des flux des investissements
extérieurs. La crise actuelle a mis en exergue des déficiences structurelles
antérieures à la crise qui affectent peu ou prou l’économie marocaine. Parmi
elles figurent : Le soutien budgétaire limité, la faible compétitivité de
l’économie, l’aggravation du déficit commercial, l’étroitesse du marché
intérieur ou encore, les dysfonctionnements intermittents.
Dans notre travail on va parler en première partie sur la crise financière
mondiale, ses causes et ses explications. Et en deuxième partie nous allons
évoquer la crise financière au Maroc et son impact sur l’économie.
I-
La crise financière mondiale :
1-Définition
de la crise financière :
Le terme crise financière
s'emploie pour désigner un ensemble assez large qui inclut notamment les crises
du change, les crises bancaires et les crises boursières. Mais le terme est
également utilisé pour désigner les crises de la dette publique ou des crises
qui affectent un marché à terme voir tulipomanie. Une crise financière peut
concerner seulement quelques pays, ou, initiée dans un pays, peut s’étendre par
contagion et devenir international et ralentit ainsi l'économie mondiale. Si
une crise financière ne concerne dans un premier temps que les marchés
financiers, son aggravation conduira à des effets néfastes sur le reste de
l'économie, entraînant une crise économique, voire une récession. Ces effets
sont généralement un resserrement du crédit et donc une baisse de
l'investissement, une crise de confiance des ménages.
2-La crise financière
mondiale :
La
crise financière et économique actuelle est une situation de déséquilibre où le
pouvoir d’achat tend à diminuer, synonyme d’une demande de moins en moins
faible entraînant une surproduction. La crise financière qui a frappé
l’économie mondiale en Automne 2008 est considérée comme la plus grave depuis
la grande dépression de 1929.
La
crise financière a, à la fois des causes
microéconomiques(mesure anormale du risque, absence de transparence et
d’information fiable des actifs financiers, réglementations procycliques, perte
de liquidité sur les marchés financiers, insuffisante standardisation des
actifs financiers, mauvaise allocation des risques, défaillances de l’analyse
de la solvabilité, risque de liquidité excessifs des banques…) et
macroéconomique (excès de liquidité, politiques monétaires procycliques,
insuffisance des instruments de la politique monétaire).
Voici un schéma qui résume
formidablement bien la manière dont se propagent les effets de la crise
financière dans l'économie dite "réelle".
3-De la crise financière à
la crise économique :
La crise du système financier
international s'est rapidement propagée à l‘Economie à travers le monde
notamment par le biais des difficultés rencontrées par les Banques
matérialisées par un resserrement des conditions de crédit qui pèsent sur :
- l'investissement des Entreprises.
- la consommation des ménages;
L’Economie mondiale se
retrouve plongée dans une grave récession impactant de manière différenciée
l’ensemble des espaces régionaux.
II-
La crise financière et son impact sur l’économie du Maroc :
1-
Les effets de la crise financière internationale sur l'économie
marocaine :
Le
Maroc n’a pas été touché par la première vague de la crise pour deux raisons :
- Solidité
du secteur financier marocain (absence de titres toxiques, faible
recours du système bancaire au marché financier international, faible
proportion de l’endettement en devise (environ 20%)
- Stabilité
du cadre macroéconomique au cours des cinq dernières années (un taux
de croissance annuel moyen de plus de 5%, une inflation maîtrisée (-3%), un
déficit budgétaire ne dépassant pas les 3%, un compte courant de la balance des
paiements excédentaire depuis 2001 jusqu’en 2007)
Le
Maroc commence à être impacté par la crise à travers le canal réel à partir du
4ème trimestre de 2008 :
- Sur le secteur financier :
La crise internationale a eu
un impact relativement faible sur le secteur financier :
- les Banques ne détiennent pas de créances
hypothécaires «toxiques »;
- les avoirs des Banques à l’étranger restent
modestes par rapport à leurs fonds propres;
- les
investissements étrangers à la Bourse de Casablanca revêtent un caractère
stratégique, la part du flottant est inférieure à 5%.
- Sur le secteur réel
La crise a eu un impact sur
:
Tourisme : les
nuitées recensées dans les établissements classés ont fléchi de 3% et le taux d’occupation
est revenu de 48% à 45%.
Les recettes de voyages se sont établies à 57
milliards, en baisse de 2,9%, au lieu d’un accroissement de près de 11 % en
2007 et de 30 % en 2006. A fin septembre 2009, les recettes de tourisme ont
connu un fléchissement de plus de 8%.
Exportations : Baisse des exportations de plus de 33% (A
fin septembre 2009) . Les secteurs les plus touchés sont:
- Textile (-3%)
- Équipements automobiles (-24%)
- Aéronautique (-25%)
Le
solde négatif des échanges commerciaux s’est aggravé, atteignant 167,4 MM soit
24,3% du PIB au lieu de 22% en 2007.
Transferts MRE :
Repli des rapatriements qui sont revenus de 55 à 53 milliards de dirhams. A fin
septembre 2009, ces transferts ont connu une baisse de 9,7%.
IDE : les investissements directs étrangers ont atteint 27
MMDH, en 2008, soit une baisse de 11 MMDH par rapport au niveau enregistré à
fin 2007. Jusqu’à fin septembre 2009, les IDE ont connu une chute de plus de
35%.
Finances
publiques : Baisse des recettes
fiscales (146MM en septembre 2008 contre seulement 135 MM en septembre 2009
soit une chute de 7,5%).
2- Réactivité du Maroc au niveau économique face à la crise
financière :
Sur
le plan économique, le Maroc doit relever le défi de la compétitivité et porter
une vigilance accrue sur la préservation de certains équilibres
macroéconomiques : Le chantier le
plus urgent au plan économique consiste à remédier définitivement à l’érosion
de la compétitivité de l’économie nationale, en œuvrant notamment à rehausser
la productivité des entreprises et la qualité du capital humain. Parallèlement
à cela, le Maroc gagnerait à prendre rapidement le train de l’innovation et des
mutations technologiques, à travers la dynamisation de l’enseignement supérieur
et de la recherche et l’élaboration d’une feuille de route nationale pour la
croissance verte.
Par ailleurs, la crise actuelle met clairement en évidence la nécessité de développer un marché intérieur dynamique, entraîné par une classe moyenne élargie et un tissu d’entreprises nationales compétitives.
Pour pouvoir bénéficier de la dynamique de l’après-crise, une vigilance accrue devra par ailleurs être portée sur la préservation de d’une part, le Maroc devrait déployer tous les moyens possibles afin que ses réserves en devises soient maintenues au-dessus du plancher stratégique de 6-7 mois d’importations. En particulier, les grands projets d’infrastructures ou d’équipement gagneraient à être réexaminés à la lumière de leurs impacts sur la balance des paiements.
De même, il est recommandé de renforcer la politique de proximité et d’incitation en direction des Marocains Résidant à l’Etranger.
D’autre part, la gestion des finances publiques doit demeurer prudente, à travers une surveillance étroite des recettes fiscales et une attention accrue sur les rubriques les plus rigides de la dépense publique, notamment la masse salariale de l’Etat, les autres dépenses de fonctionnement et les charges de compensation. Il va de soi que la soutenabilité des finances de l’Etat constitue à la fois un sujet de vigilance, en ce temps de crise et un domaine de réforme continue.
Conclusion :
Au delà de ses effets immédiats et de l’efficacité des
mesures à court terme prises par le gouvernement marocain
pour les contrecarrer, la crise a
révélé davantage les fragilités de notre modèle de développement fondé
en grande partie sur la demande externe
et l’exportation. Le Maroc, au stade actuel de son développement historique et
pour faire face aux défis de la mondialisation, a besoin d’un Etat fort.
Pour conclure on
aimerait signaler que le Maroc
doit envisager une révision de sa
politique économique sur des bases qui permettraient de préserver les intérêts
nationaux.
L’examen de la
cohérence d’ensemble des accords de libre échange est indispensable pour
moduler leurs dispositions avec, pour finalité, l’établissement de relations économiques
mutuellement profitables. La politique d’ouverture de notre pays devrait ainsi
tenir compte des mutations géopolitiques mondiales. A ce sujet, il serait
opportun pour le Maroc de multiplier ses alliances commerciales, économiques et financières pour s’arrimer aux nouvelles
locomotives de développement.
Copyright © Les jeunes économistes | By : Assouma Soumette

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