La politique economique :
Le XIXéme siècle est dominé par l’idéologie libérale avec l’influence d’Adam Smith (1723-1790) et de David Ricardo (1772-1823) qui prêchent l’individualisme, la concurrence et la non-intervention de l’Etat. Ils sont partisans de l’Etat minimal : les fonctions régaliennes (Police, Armée, Justice), la construction d’édifices publics, le respect des règles de la concurrence.
La réalité historique est cependant différente : au cours de la Révolution Industrielle, l’Etat va intervenir pour assurer le "décollage" (take-off) des économies. En France, l’Etat est intervenu pour le développement des chemins de fer et dans l’agriculture (tarifs Méline vers 1896). L’Angleterre adopta les Enclosures Act pour les terrains agricoles. Les USA intervinrent dans le développement du chemin de fer. L’Allemagne mit en place des mesures protectionnistes avec Frederic List (1789-1846). Au Japon, avec l’ère Meiji (vers 1868), l’Etat créa les premières entreprises pour les revendre ensuite aux familles (les zaïbatsus).
La crise de 1929
: le New Deal eut un impact idéologique important aux Etats-Unis avec un
changement considérable dans la conception du rôle de l’Etat : l’Etat
devient interventionniste.
Après 1945, l’Etat intervient de plus en plus dans la vie économique et sociale. Selon Keynes (1883-1946), l’Etat doit intervenir lorsque l’économie est défaillante et les moyens d’actions se perfectionnent :
- politique monétaire
- politique fiscale
- politique de planification
- politique de nationalisation…
La politique
d’intervention économique est liée à une politique sociale de réduction des
inégalités. On passe d’un Etat-gendarme à un Etat-providence.
Depuis le début des
années 1980, on assiste à l’avènement des politiques libérales car les
politiques keynésiennes n’ont pas réussi à résoudre le problème de la crise :
- GB – 1979 : Thatchérisme.
- USA – 1980 : Reaganomics.
- France – 1986 : privatisations, liberté des prix, flexibilité du marche du travail (emplois précaires).
Durant les années
1990, les pays n’adoptent pas purement une politique libérale ou une
politique keynésienne. Ils cherchent un compromis entre les deux et les débats
portent plus sur la nature de l’intervention publique.
II – Comparatif des politiques économiques :
A – Politique conjoncturelle :
Une conjoncture est
une situation économique à un moment donné.
La politique
conjoncturelle est une politique à court terme ou à moyen terme et son action
est limitée dans le temps :
- elle a une fonction de régulation (stabilisation).
- c’est l’ensemble des interventions de l’Etat susceptibles de modifier à court terme et à moyen terme l’évolution de l’économie.
Elle cherche à maintenir
les grands équilibres :
- emploi
- stabilité des prix
- croissance
- équilibre extérieur
Exemples :
politique de relance, politique de rigueur.
B – Politique structurelle :
La structure est la
manière dont les parties d’un tout sont arrangées entre elles.
La politique
structurelle est une politique à long terme dont les effets sont
durables :
- elle modifie en profondeur le fonctionnement de l’économie.
- c’est l’ensemble des interventions de l’Etat susceptibles de modifier à long terme l’évolution de l’économie.
Elle cherche à améliorer
les structures et les bases de l’économie.
Exemples :
politique fiscale, politique de nationalisation, politique agricole.
III – Les politiques conjoncturelles : objectifs et moyens :
A – Objectifs :
- Améliorer la croissance : hausse du PIB
- Améliorer l’emploi : réduire le chômage
- Assurer la stabilité des prix : limiter l’inflation
- Assurer l’équilibre extérieur : améliorer le solde de la balance commerciale
B – Moyens :
Pour atteindre ces
objectifs, différents moyens vont être utilisés :
- politique monétaire :
- relance : baisse du taux d’intérêt
- rigueur : hausse du taux d’intérêt
- politique fiscale :
- relance : baisse des impôts
- rigueur : hausse des impôts
- politique budgétaire :
- relance : hausse des dépenses de l’Etat
- rigueur : baisse des dépenses de l’Etat
- politique de revenus :
- relance : hausse du SMIC et du RMI
- rigueur : baisse des revenus de transferts
C – La carré magique :
Il existe de très
nombreux objectifs mais on résume souvent les 4 principaux à l’aide d’une
représentation graphique appelée carré magique et due à l’économiste
britannique Nicholas Kaldor. Ces 4 objectifs sont l’emploi, la
croissance, la stabilité des prix et l’équilibre extérieur (balance commerciale
équilibrée). Le schéma suivant présente les 4 indicateurs propres à ces
objectifs. En rejoignant les points, on obtient un quadrilatère qui représente
d’autant mieux une situation économique favorable qu’il est proche du carré
magique.
IV – Les politiques conjoncturelles et les phases de la conjoncture :
Les politiques
conjoncturelles ont une fonction de régulation selon la situation économique.
La recherche des grands équilibres se fera donc par la relance ou la rigueur.
A – La politique de relance :
Elle a pour but de
dynamiser l’économie en produisant plus : la hausse du PIB entraîne la
croissance. Elle a aussi pour but de réduire le chômage. Il existe deux types
de politique de relance : la relance par la demande des keynésiens et la
relance par l’offre des libéraux.
1 – La politique de
relance keynésienne (par la demande)
John Maynard
Keynes a écrit la Théorie Générale
de l’Emploi, de l’Intérêt, de la Monnaie en 1936. Il préconise une relance par la
demande.
Le plein-emploi
n’est pas atteint : on parle d’équilibre de sous-emploi. Lorsque cette
demande est insuffisante, l’Etat doit intervenir avec :
- la politique monétaire : baisse du taux d’intéret (c’est insuffisant)
- la politique budgétaire : hausse des dépenses de l’Etat (politique de grands travaux)
- la politique fiscale : baisse des impôts des plus défavorisés
- la politique de revenus : hausse des revenus de transfert
Lorsque l’économie
de marché est défaillante, l’Etat doit intervenir. Le déficit budgétaire est un
des moyens dont dispose l’Etat pour relancer l’économie : ce déficit pourra se
résorber par des rentrées fiscales :
- plus de revenus distribués = plus de IRPP
- plus de revenus distribués = hausse de la consommation = plus de TVA
- plus d’investissement par les entreprises = relance de l’activité économique = plus de profits = plus d’IS
Cette politique de
relance keynésienne présente toutefois des limites :
- la contrainte extérieure : la relance par la demande entraîne une hausse des importations donc un déficit de la balance commerciale car la France est un pays "ouvert". Le plan de relance de 1981 a créé un déficit de 92 milliards de francs en 1982.
- l’inflation : plus de revenus entraîne plus de demande (plus de consommation et plus d’investissement) or selon la loi de l’offre et de la demande, si la demande est supérieure à l’offre l’inflation augmente.
- l‘effet boule de neige et le déficit budgétaire : il faut que la richesse créée soit suffisante pour payer les intérêts de la dette sinon ces derniers seront de plus en plus lourds et la dette va s’aggraver. On appelle cela l’effet boule de neige de la dette.
2 – La politique de
relance libérale (par l’offre)
Le précurseur de
cette politique est le libéral français Jean-Baptiste Say (1767-1832),
théoricien de l’offre. Il est à l’origine de la loi des débouchés : "l’offre
créé sa propre demande" ou "les produits s’échangent contre
des produits".
La courbe de Laffer aurait été tracée pour la première fois sur la nappe d’un restaurant de Washington en décembre 1974. Cette théorie allait dans le sens des revendications américaines contre l’impôt. Laffer est un libéral américain. Il était le conseiller de Reagan et s’opposait à Keynes. Sa théorie veut que jusqu’à un certain niveau, l’impôt est accepté par les contribuables mais qu’au delà d’un certain taux d’imposition, les recettes fiscales diminuent. En effet, lorsque le taux augmente jusqu’au point T, les recettes discales augmentent et atteignent un maximum M. Au delà du point T, le taux devient dissuasif et les agents économiques sont incités à travailler moins ou à recourir à des activités non déclarées (baisse des recettes de l’Etat). Le point M est le sommet de la courbe, il correspond aux recettes maximales de l’Etat. Ce n’est pas un taux de pression fiscale immuable. On peut résumer cette théorie ainsi : “trop d’impôts tuent l’impôt” ou “les hauts taux tuent les totaux”.
Lorsqu’un ménage
voit sa pression fiscale augmenter, il peut réagir de 2 façons :
- effet revenu : pour faire face à cette augmentation d’impôts, l’individu serait prêt à travailler plus (Laffer n’en parle pas).
- effet prix : pour faire face aux impôts, l’individu travaillera moins ou travaillera au noir.
L’économie de
l’offre est l’économie de l’incitation à travailler et à investir par une
baisse de la pression fiscale. Parallèlement, les prestations sociales
doivent diminuer pour rétablir l’incitation au travail (lutte contre le
chômage). Un taux d’imposition trop élevé entraîne :
- une baisse de l’investissement = baisse de l’activité économique = baisse des profits = baisse de l’IS = baisse des recettes fiscales
- une baisse du travail = baisse de l’activité économique = baisse des salaires = baisse de l’IRPP = baisse des recettes fiscales
Les libéraux
critiquent l’intervention de l’Etat et ne sont pas favorables à
l’Etat-providence. Ils ont pour une protection sociale "allégée"
et préconisent l’équilibre budgétaire (USA – GB). Cette théorie a des
limites : les libéraux préconisent une baisse des dépenses sociales donc
une aggravation des inégalités : hausse de la pauvreté et de
l’exclusion.
B – Politique de rigueur (libérale) :
Les objectifs
sont :
- la lutte contre l’inflation
- l’amélioration du solde de la balance commerciale : rendre l’économie compétitive
Les moyens :
- rigueur salariale : freiner la croissance des salaires
- rigueur budgétaire : réduire les dépenses de l’Etat
- rigueur monétaire : augmenter les taux d’intérêt
Ces mesures de
rigueur ont l’effet inverse de la relance par la demande :
- freiner la croissance des salaires entraîne une baisse de la demande des ménages
- augmenter les taux d’intérêt fait baisser la demande des entreprises
=> le demande
est inférieure à l’offre ce qui fait baisser l’inflation.
- baisse de la demande = baisse de la consommation de produits étrangers : baisse des importations
- baisse de la demande = baisse de l’inflation = les produits français sont moins chers = hausse des exportations
Les limites de
cette politique :
- baisse de la production = baisse de la croissance = augmentation du chômage
Conclusion : il
devient difficile de concilier les 4 grands équilibres.
V – Les politiques structurelles :
A – Nationalisations et privatisations :
La nationalisation
est le transfert de propriété du capital d’une entreprise privée à l’Etat dans
le but d’en modifier la logique de fonctionnement.
La privatisation
est l’opération de transfert du capital d’une entreprise publique à des
actionnaires privés.
B – Les politiques industrielles :
Les politiques
industrielles sont l’ensemble de mesures prises par le gouvernement afin
d’améliorer les performances de l’appareil de production pour l’adapter à la
compétition économique mondiale. Moyens :
- réglementation
- aides fiscales à la recherche et à la formation
- stimulation de l’investissement
- encouragement à des rapprochements entre entreprises et groupes nationaux
- commandes publiques
- grands projets financés par l’Etat
- développement du secteur publique
- grands travaux
- planification
cours concentré et pertinent :)
RépondreSupprimer