L'entreprise, une structure productive est un groupement humain
La notion de structure est assez
difficile à cerner. On serait tenté de dire que la structure d'une entreprise
correspond à son organigramme. En fait, évoquer cette notion revient également
à évoquer la manière dont le travail est organisé, coordonné. L'exercice du
pouvoir et le système de relations humaines font également partie de ce qu'il
convient peut être d'appeler le concept de structure d'entreprise.
On distingue habituellement les
structures traditionnelles de l'entreprise (c'est-à-dire les plus classiquement
adoptées) des structures nouvelles dont l'objectif consiste à mieux adapter
l'entreprise aux impératifs du marché. Aucune structure n'est optimale -- les
structures traditionnelles apparaissent trop rigides et les structures modernes
parviennent parfois très mal à remplir leurs objectifs.
I - L'entreprise est une structure productive :
I - Les
structures pyramidales classiques :
Classiquement, ces structures correspondent à une division du travail qui s'effectue à partir de différents critères : -- la division de l'entreprise en fonctions pour la structure fonctionnelle, la division de l'entreprise en branches pour la structure divisionnelle ou encore en régions pour la structure géographique. Seule la structure dite « matricielle » tente de réaliser une synthèse des structures précédentes en s'efforçant d'en éliminer les inconvénients.
A -- La
structure fonctionnelle :
Comme son nom l'indique, la
structure fonctionnelle consiste à diviser le travail dans l'entreprise en
fonctions (fonction commerciale, financière, fonction production, ressources
humaines, recherche-développement, etc....).
À la tête de chaque fonction sera nommé un « chef fonctionnel ». Ce sont donc les fonctions qui constituent le
critère de répartition des tâches. C'est Fayol qui, au début de ce siècle avait
défini les principales fonctions de l'entreprise (commerciale, comptable,
financière, etc....).
Prenons un exemple :
Cette forme de division du
travail apparaît à première vue très logique. Chaque fonction est clairement
individualisée et on constate que ce type d'organisation est encore assez
fréquent. La responsabilité de chaque fonction est confiée à des cadres
spécialistes ce qui constitue a priori une garantie d'efficacité. Le partage
des tâches semble clair.
Toutefois, il s'agit d'une
organisation pyramidale et on peut craindre un certain nombre de
dysfonctionnements :
Tout d'abord sur le plan de la
circulation de l'information : -- dans toute organisation pyramidale les
phénomènes de filtrage et de déformation des informations sont fréquents. Les
informations ascendantes risque d'être bloquées par les niveaux intermédiaires
dont le souci sera toujours de paraître irréprochables aux yeux de leurs
supérieurs. Pour Hubert Landier, directeur du cabinet management et conjoncture
sociale, dans ce type de structure, « les individus placés aux niveaux
intermédiaires doivent surtout faire circuler les directives et les rapports
entre les responsables et les exécutants. De plus, une trop stricte définition
des fonctions crée des territoires et donc des cloisonnements, incompatibles
avec l'esprit d'entreprise qu'impose la recherche de flexibilité et de
créativité. D'autre part, elle dévalorise le personnel du bas de l'édifice,
alors que la qualité des produits ou des services rendus est intimement liée à
leurs performances."
En d'autres termes, pour beaucoup
de managers, la structure pyramidale classique apparaît totalement
contre-productive. On peut également craindre une restriction du champ de
vision des cadres qui auront toujours tendance à privilégier leur fonction au
détriment de l'intérêt général de l'entreprise concernée. Par ailleurs, leurs
préoccupations sont parfois très différentes, voire mêmes contradictoires
entraînant par la même des luttes d'influence pouvant nuire à l'efficacité
globale de l'organisation. Par exemple, les objectifs d'un directeur commercial
sont bien souvent très différents de celui d'un directeur de production --
flexibilité et adaptation aux besoins réels de la clientèle pour l'un --
standardisation des produits et fabrication en grandes quantités pour l'autre.
L'affectation des budgets par la direction générale dépendra bien souvent de
facteurs totalement subjectifs voire mêmes affectifs.
Ajoutons également que plus une
organisation est pyramidale, plus les préoccupations des acteurs sont
personnelles et difficiles à concilier avec les intérêts d'ensemble de l'organisation.
Peter avait bien mis en avant les inconvénients liés aux systèmes de
progression interne des carrières : -- la loi de l'incompétence est bien connue
« Dans une hiérarchie, tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence
». Peter tentait d'analyser une des
sources d'inefficacité des grandes organisations : -- certains postes qualifiés
peuvent être occupés par des incompétents tandis que des les individus
surqualifiés peuvent occuper des postes subalternes. On voit donc que les
inconvénients de l'adoption d'une structure pyramidale ne peut qu'inciter les
entreprises les plus avancées en matière de ressources humaines à s'échapper de
la pyramide classique de management, jugée inadaptée.
B. -- la
structure divisionnelle :
Alors que la structure
fonctionnelle s'adapte assez bien aux entreprises qui ne fabriquent qu'un seul
type de produits ou tout au moins des produits différents mais pouvant être
fabriqués à partir des mêmes matières premières, la structure divisionnelle
s'adapte mieux aux entreprises de grande taille dont la production est très
diversifiée. Les activités de chaque fonction apparaissent en effet beaucoup
trop disparates pour adopter une structure fonctionnelle -- on préfère alors
une structure par produits ou structure divisionnelle.
Exemple :
En réalité, les produits semblables ou fabriqués à partir les mêmes matières premières sont regroupés en grandes branches d'activités. On remarque toutefois que les branches prises isolément sont organisées de manière fonctionnelle !!
On rencontre fréquemment ce type
de structure dans les entreprises conglomérales. Par exemple le groupe Bouygues est divisé en
autant de branches d'activités que les marchés sur lesquels il se situe. Il en
va de même du groupe Matra ou encore de la Compagnie Générale
des Eaux, etc....
On constate que chaque branche
est totalement autonome et que les branches correspondent souvent à une
véritable entreprise à part entière y compris sur le plan juridique (sociétés
filiales, etc...).
Même si la structure
divisionnelle apparaît un peu plus flexible que la structure fonctionnelle (en
effet, il est possible d'ajouter ou de supprimer une branche sans remettre en
cause fondamentalement le reste de la structure) il n'en demeure pas moins que
tous les inconvénients liés à la structure pyramidale classique de management
ne sont pas éliminés. Par ailleurs, les entreprises adoptant une structure par
produits sont souvent de très grands groupes -- il s'agit donc de structures
très lourdes à gérer sur tous les plans et qui, en tout état de cause,
manqueront de flexibilité.
C - La
structure matricielle :
La structure matricielle
correspond en quelque sorte à une combinaison des structures précédentes.
En effet, si la division du travail est conçue à la fois en termes de fonction
et de branche on parle de structure matricielle à plusieurs dimensions.
Prenons un exemple :
Ici, les cadres du 2° rang
peuvent avoir deux ou trois supérieurs hiérarchiques directs, ce qui n'est pas
sans inconvénient sur le plan de l'organisation matérielle du travail et du
partage des tâches. Si le partage des tâches est mal effectué, des zones de
compétences communes peuvent apparaître ce qui est source de
dysfonctionnements. En principe, la structure matricielle convient aux grandes
entreprises qui fabriquent plusieurs types de produits liés les uns aux autres
ou aux entreprises multinationales agissant dans un environnement complexe
voire instable.
Nous constatons que la structure
d'ensemble reste pyramidale, nous ne reviendrons donc pas sur tous les
dysfonctionnements qui peuvent en résulter.
Pour que de telles organisations
puissent bien fonctionner, il faut donc organiser au mieux le système de
coordination, de communication, ainsi que la décentralisation des
responsabilités.
C'est ainsi que pour remédier aux
effets négatifs du « gigantisme » de petites structures en équipes peuvent être
constituées pour mettre au point des projets, lancé des produits nouveaux ou
même pour assurer certaines tâches permanentes dans l'entreprise. Ces petites
équipes permettent à l'organisation d'être plus flexible et la qualité (au sens
adaptation de l'entreprise aux besoins réels du client) s'en trouvera
améliorée. De petites équipes peuvent également être créées dans le cadre de
l'enrichissement des tâches pour remédier aux excès de la division taylorienne
du travail.
II - Les
structures "modernes" :
On les regroupe en trois grandes
catégories : .
1.
La pyramide dite « inversée
».
2.
La structure polycellulaire.
3.
La pyramide ronde.
A -- La
pyramide inversée :
Il ne s'agit pas, bien entendu,
de renverser les rôles. "Pyramide inversée" ne signifie pas que les
chefs vont obéir et les subordonnés commander -- cela va de soi !! Il
s'agit plutôt d'une nouvelle manière de penser les relations de travail dans
l'entreprise pour améliorer l'efficacité, la productivité et la flexibilité.
L'adoption de ce type de structure correspond souvent à la nécessité
d'organiser l'entreprise dans un souci d'orientation des actions en fonction
des impératifs du marché.
L'idée de départ est la suivante
: la pyramide classique de management créée, comme nous l'avons dit plus haut,
des cloisonnements et des territoires totalement contre-productifs. Il s'agit
en bref de rendre les « chefs » plus accessibles -- ceux-ci doivent en effet,
selon l'expression de Jan Carlzon, PDG de la compagnie d'aviation SAS. « se
comporter en meneurs et doivent pouvoir compter sur la coopération et
l'engagement de tous les individus concernés, et pour cela leur communiquer
leurs propres convictions ». Il s'agit
donc pour la direction générale de se borner à définir une stratégie tout en
laissant libre les cadres de définir les besoins de l'entreprise et les moyens
pour réaliser cette stratégie. Aucune directive n'est donnée sur les actions
individuelles à mener. On cherche donc à stimuler la créativité et l'esprit de
collaboration de l'ensemble du personnel. La pyramide inversée est donc une
organisation fondamentalement anti-taylorienne.
On trouvera donc beaucoup moins
de niveaux hiérarchiques, le travail se fera en équipe et on cherchera à
responsabiliser les individus et à mieux reconnaître leur travail. La pyramide
inversée apparaît donc très efficace pour mobiliser la créativité dans la
mesure où elle se fonde sur une meilleure prise en compte du facteur humain
dans l'entreprise.
B. -- la
structure polycellulaire :
On retrouve ici le souci de
flexibilité, le souci d'orienter les actions de l'entreprise en fonction des
impératifs du marché. C'est la raison pour laquelle la structure polycellulaire,
tout comme la précédente, se caractérise (en principe) par le souci de réduire
les niveaux hiérarchiques et d'assurer une bonne mobilisation des ressources
humaines. Sur le plan organisationnelle elle se présente toutefois d'une
manière un peu différente :
L'entreprise est organisée en
cellules qui sont fédérées par la cellule de direction. Chaque cellule est
autonome et apparaît ou disparaît au gré des activités de l'entreprise donc au
gré du marché. En exagérant à peine, on cherche ici à calquer le fonctionnement
de l'entreprise sur celui du corps humain. L'entreprise n'est plus conçue comme
une suite d'éléments mis bout à bout mais comme un ensemble.
Dans ce schéma, chaque cellule
vit de façon relativement autonome, tout en agissant interactivement avec les
autres cellules et la prolifération s'opère naturellement en fonction des
besoins de l'entreprise. L'animateur de cellules doit donc dynamiser les
membres du groupe constituant la cellule -- le rôle de la cellule de direction
consiste alors à affirmer un projet fédérateur et à en contrôler l'efficacité.
La structure polycellulaire correspond donc en principe à une structure censée
assurer une progression horizontale et non verticale des carrières.
Soyons tout de même réalistes et
admettons que le fonctionnement d'une entreprise en structure polycellulaire se
caractérise très souvent par un "turn over" de personnel très
important et par une stagnation totale des carrières.
C -- la
pyramide ronde :
L'entreprise est ici organisée en
pôles (ex. -- pôle machines, pôle fabrication, pôle recherche-développement,
etc...). Chaque membre du personnel doit donc être très polyvalent pour pouvoir
changer de pôle. Par exemple, un directeur technique pourra intervenir au
niveau des achats et de la réparation des matériels, de la maintenance
préventive et de la recherche-développement ainsi que participer au comité
stratégique. Ce type d'organisation est beaucoup plus rare car il nécessite un
personnel très polyvalent.
II- L'entreprise est un groupement humain :
I
- La place des hommes dans l'entreprise :
L'entreprise a besoin de
personnes aux compétences diverses. L'entreprise est un groupement humain. Elle
a donc un rôle social.
La place de l'homme dans
l'entreprise peut être abordée sous trois angles.
A -- la communauté
constituée par l'ensemble des membres de l'entreprise. Au sein de cette
communauté, l'organisation hiérarchique définit les relations. Les membres sont
liés par la participation collective à la finalité de l'entreprise
(information, concertation, participation aux résultats) à travers la culture
de l'entreprise.
B -- Les groupes de travail
fonctionnent grâce à un réseau de coopération qui relie des personnes entre
elles.
C -- le personnel (en tant
qu'entité physique individuelle) est composé des individus qui échangent par
des relations interpersonnelles. Chaque individu s'intéresse à sa perspective
de carrière et à sa rémunération.
II
- L'école des relations humaines :
À l'opposé de la théorie classique des organisations,
l'école des relations humaines insiste sur les facteurs sociaux comme élément
de la productivité et de la motivation du personnel.
Elton Mayo a démontré que des
facteurs sociaux (relations sociales, homogénéité du groupe,
responsabilisation, participation à la prise de décision) conditionnent la
productivité et la motivation des salariés.
Abraham Harold Maslow, à travers
sa « pyramide des besoins », explique la motivation des travailleurs. Un
travailleur cherche, à travers son travail, à satisfaire, l'un après l'autre,
les différents échelons de la pyramide de ses besoins, qui sont hiérarchisés.
La motivation d'un individu est commandée par le niveau des besoins non satisfaits.
Frédérick Herzberg reprend la
pyramide de Maslow et insiste sur les deux derniers échelons (besoin d'estime
de soi et réalisation de soi) qui sont les seules sources de motivation
durable. Le contenu de la tâche (responsabilité étendue, enrichissement) prime
sur les conditions de travail.
Ces analyses ont trouvé un champ
d'application dans la politique sociale de l'entreprise et dans la gestion des
ressources humaines.
Copyright © Les jeunes économistes
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